Y’a-il une différence entre poterie et céramique ?
Différence entre poterie et céramique ? Le point sur le vocabulaire de base.
Vous voulez commencer à travailler l’argile et vous chercher des cours ?
La question la plus fréquente à laquelle je répond aux débutants c’est : C’est quoi la différence entre poterie et céramique ? On peut être assez vite perdu.e dans le jargon technique.
Et si on reprenait le vocabulaire de base ?
Histoire de se mettre d’accord avant de commencer.
La différence entre poterie et céramique ?
La céramique n’est pas nécessairement de la poterie.
La céramique, c’est l’art de cuire l’argile. Donc c’est le geste qui consiste à prendre de l’argile qu’on a précédemment façonné et le faire passer au four pour le transformer en pierre. Peu importe la forme dont il s’agit, la température de cuisson et le caractère utilitaire ou non de la pièce réalisée.
D’ailleurs, il y a aussi la céramique à usage sanitaire, pensez aux lavabos ou aux WC. Mais c’est une autre histoire. Et celle qui sert à réaliser des carrelages.
Ce qui mène donc à deux autres questions.
- Où trouve-t-on l’argile ?
- Où cuire quand on est débutant ?
La poterie (est de la céramique)
La poterie désigne l’action de faire des pots en argile ou du moins des pièces utilitaires. C’est à dire des objets qui peuvent être utilisé au quotidien ou pour un usage spécifique. Il n’y a donc par vraiment une différence entre les deux, la poterie est une partie de la céramique.
Il ne s’agit tout simplement pas de sculpture. La sculpture sur argile est une technique à part, si c’est la sculpture qui vous intéresse, cherchez un cours sur ce thème particulier.
La poterie, c’est ce qu’on utilise. Mais la diversité possible est immense.
De la cuisine, à la salle de bain, en passant par le jardin…
Et la créativité, le style, l’exubérance peuvent être au rendez-vous. Dans le commerce, on trouve des pièces très standardisées mais le travail d’un artisan ou les pièces que vous réaliserez vous-même auront une personnalité inégalable.
La poterie est de la céramique,
mais la céramique n’est pas forcément de la poterie.
L’argile : une matière
L’argile, la base de la poterie et de la céramique
L’argile est la matière première principale des artisan.e.s de la terre, potier.ière et céramiste. Il s’agit une matière première naturelle, d’origine géologique, donc minérale. Ce n’est donc pas une matière “renouvelable” bien qu’elle soit largement disponible.
L’argile pure qu’on trouve dans les jardins est rarement utilisée aujourd’hui chez nous puisque des fournisseurs vous vendent des “pains d’argile”, ce sont en fait des “pâtes céramiques” un mélange de plusieurs argiles ou d’argile avec d’autres matières. Le vendeur vous indique la température de cuisson minimale et maximale.
En gros, on va distinguer les porcelaines (blancs purs et grains très fins) et les argiles.
Les techniques de façonnage
Le tour de potier
Si on veut produire de grandes quantités de pièces identiques, le tour de potier est une bonne solution. Mais apprendre la technique peut mettre de nombreuses heures et ce n’est généralement pas à la première leçon que les résultats sont au rendez-vous.
En revanche, le plaisir peut être là immédiatement. Même si on rame un peu au début et que dès le départ, on se rend compte que la technique demandera un engagement personnel et de la persévérance.
Je reviendrai dans un autre article sur tout ce que le travail au tour peut apporter. La plupart des tourneurs vous diront que cette activité est leur méditation. C’est une activité enrichissante et bienfaisante si on est capable de lâcher totalement prise sur le résultat au début.
Le modelage et autres techniques
Il est tout à fait possible de faire des pots sans tour de potier. Il y a des dizaines de techniques qui existent.
En voici quelques unes : faire des plaques et les assembler, travailler au colombin (joindre des petits boudins de terre pour créer une forme), les moules pour estamper ou couler l’argile, et encore bien d’autres possibilités.
Finalement, ce travail-là est bien plus diversifié qu’on peut l’imaginer et permet de s’adapter à chaque fois à l’état d’esprit et à l’envie du moment. C’est un travail où la consistance de la terre et le rapport au temps (plus le temps passe plus la terre sèche) sont essentiels et où la relation avec l’argile peut aussi devenir un moment totalement méditatif. Une autre façon d’appréhender le monde et la matière, avec délicatesse du bout des doigts ou en utilisant tout ce que l’environnement nous propose.
La cuisson
La température de cuisson, une clé céramique
La différence se situe au niveau de la résistance de l’argile à une certaine température de cuisson. La composition chimique de l’argile détermine jusqu’à quelle température de cuisson la matière résistera. Et ceci donnera le nom de la matière finale. Chaque argile a une température de cuisson minimum (en dessous, ce n’est pas solide et totalement poreux) et une température de cuisson maximale (au dessus, ça va bouillir dans le four et ça se déforme, cela peut même fondre complètement).
Un four très spécial
Un four du type “four de cuisine” ne permet absolument pas d’atteindre les températures nécessaires pour céramiser l’argile. Nous utilisons des fours spéciaux qui ne peuvent pas être installés n’importe où. De nombreuses conditions doivent être respectées pour cuire en toute sécurité. Le temps de cuisson est très long, plus de 12 heures pour faire chauffer le four et encore plus pour le laisser refroidir. Autant vous dire que ce processus demande de la patience.
Les différentes sortes d’argile
Chaque sorte d’argile nécessite une courbe de cuisson différente. C’est très important de savoir si vous travaillez du grès, de la faïence ou de la porcelaine.
Le grès
C’est de l’argile (ou pâte céramique) qui a été cuite au-delà de 1200°C. A partir de cette température, se produit le grésage. Grâce à sa haute teneur en silice, la terre se densifie et se vitrifie et devient solide et robuste. C’est la matière que je travaille.
C’est l’argile que je travaille personnellement.
La faïence
C’est de l’argile (ou pâte céramique) qui a été cuit en dessous de 1200°C. Cette matière est moins dense et moins solide, mais moins lourde aussi.
Sur la faïence, les couleurs sont souvent vives et lumineuses en raison de la température de cuisson plus basse.
Le tesson reste légèrement poreux.
La porcelaine
C’est une matière spécifique qui peut être cuite à très haute température et qui gagne en translucidité à mesure qu’on la cuit plus chaud. Elle est composée de kaolin (argile blanche, comme celle utilisée pour faire des masques pour le visage, de la silice et du feldspath.)
La porcelaine est très solide et c’est une matière qui permet de travailler avec une grande finesse. Vous trouverez des porcelaines adaptées pour le travail au tour, d’autres pour l’estampage et d’autres encore à couler dans des moules en plâtre.
Je ne la travaille que très rarement car elle a des exigences spécifiques et que j’ai décidé de travailler uniquement avec les Terres de Saint-Aubin, provenant des Argilières de Hins à Florennes.
“Argile” sans cuisson
Vous pouvez trouver de l’argile sans cuisson dans certains magasins de loisirs créatifs. Ceci vous permet de faire quelques pièces décoratives mais ce ne sera pas de la céramique et cela porte le nom d’argile mais ça n’en est pas. Le contact au toucher n’est pas du tout le même, vous devrez travailler très rapidement car cela sèche assez vite.
Je vous invite à prendre connaissance des commentaires. Agnès Bensi vous partage son expérience très intéressante sur l’argile sans cuisson.
Où cuire quand on est débutant ?
La plupart des artisans de la terre considèrent que la grande étape est celle où on commence à cuire soi-même.
Les débutants font cuire leurs pièces chez leur professeur ou auprès des magasins spécialisés dans les articles céramiques.
Il y a aussi quelques ateliers qui proposent une location de four.
Acheter un four ? Bonne ou mauvaise idée ?
Bonjour Amandine,
Merci pour ton blog. J’aimerais savoir ce qu’il arrive avec l’argile si on ne l’a fait pas cuire? Exemple, comment est-ce qu’une assiette modelé dans l’argile et peinte traversera le temps?
Merci,
Catherine
Bonjour Catherine, merci pour ton commentaire.
Si on ne cuit pas l’argile, la création reste friable et pourra casser facilement au moindre choc. Tant que l’argile n’est pas cuite, il suffit de la replonger dans l’eau pour récupérer de l’argile fraiche qu’on pourra retravailler.
Si elle est peinte à la peinture acrylique par exemple, on pourra la conserver comme objet déco extrêmement fragile mais il est impensable de s’en servir pour mettre des aliments ou quoi que ce soit d’humide dedans.
Il existe de l’argile spécialement conçu sans cuisson, mais là aussi c’est réservé à des pièces décoratives (figurines, petits bougeoirs, vase pour fleurs séchées). Lorsqu’on travaille cette argile spécialement prévue pour ne pas être cuite, la sensation est différente qu’avec l’argile à cuire et il faut travailler assez vite car le séchage est rapide et une fois la pièce sèche, il est impossible de la réhumidifier. Après séchage, ce n’est plus recyclable.
Merci beaucoup pour ta question, elle fera l’objet d’un article plus détaillé prochainement.
Bonne journée !
Je découvre la poterie et je me suis toujours demandée quelle était la différence entre la céramique, le porcelaine etc. pour savoir quel argile choisir. Quelle illumination ! Merci bien pour cette clarification ^^
Merci beaucoup ! Je vous souhaite beaucoup de plaisir et d’amusement dans votre découverte de la poterie.
Bonjour, j’ai eu beaucoup de plaisir à vous lire et suis très consciente de votre grande maîtrise, mais je me permets néanmoins une petite remarque. Je suis totalement autodidacte et passionnée par la sculpture mais n’ai malheureusement pas la possibilité de cuire mes créations. Après quelques essais infructueux avec des terres autodurcissantes j’ai découvert l’argile naturelle spéciale sculpture de chez Solargil et je fais des pièces de 30 à 40 cm de haut sans problème. La texture à la manipulation est très proche de l’argile à cuire et on peut la travailler pendant plusieurs jours/semaines en prenant les précautions d’usage comme on le fait avec de l’argile à cuire. Le rendu est superbe lorsqu’on prend le temps de finir par une belle patine. Voila, je trouve dommage de devoir défendre ce procédé méprisé qui, pourtant, m’apporte tellement de satisfactions par ailleurs et de succès.
Artistiquement votre
Agnès Bensi
Merci beaucoup pour votre commentaire et pour la référence de cette solution qui vous apporte satisfaction. C’est plutôt réjouissant de voir que des “argiles autodurcissantes” apportent du plaisir et des résultats intéressants car la cuisson est très couteuses en énergie. J’adapterai mon article avec les informations que vous apportez si vous me le permettez. Cela dit, pour répondre à la définition de céramique, la cuisson est un “passage obligé”. Loin de moi, l’idée de mépriser quelque technique, le plus important c’est le bonheur éprouvé pendant le processus créatif.
Bonjour, je vous remercie infiniment de tenir compte de mon expérience et vous laisse volontiers vous en servir. La cuisson énergivore nécessaire aux céramistes est, en effet, un élément important dans ma démarche et mon choix Mon bonheur mérite néanmoins d’être partagé au plus grand nombre. Et, je vous le concède volontiers, on peut parler d’une “discipline ” à part entière avec ses techniques et ses résultats, qui a sa place en sculpture et en modelage mais elle ne rentre pas dans la catégorie des céramistes.
Au plaisir de vous lire encore
Bonjour,
Merci pour votre blog, il m’aide beaucoup à y voir plus claire 😉
Lorsque l’on débute, ce qui est mon cas, et que l’on a pas beaucoup de choix, je suis aux Antilles, donc pas beaucoup d’endroits où se former, cuire, etc… Quel argile me conseillez-vous qui puisse etre aussi bien pour le tournage que pour le modelage svp ?
Les températures de cuisson sont-elles indiqués en général et lorsqu’on veut les peindre, quelle marque au type de peinture conseillez-vous ?
Merci d’avance
Johanne
Bonjour, Merci beaucoup pour votre commentaire. Je suis en Belgique donc je ne connais pas les terres que vous avez à disposition, mais en général les fournisseurs de terre mentionnent l’usage conseillé, modelage ou tournage ou les deux. Globalement, je conseille une terre chamottée pour le modelage surtout quand on débute, cela permet à l’argile de mieux se “tenir”. Au tournage, en revanche, mieux vaut être un peu expérimenté pour se lancer avec la terre qui contient de la grosse chamotte, cela peut faire mal aux mains débutantes. La chamotte est de la terre déjà cuite et concassée en petits morceaux de 0,5 à 2 mm en général. Ces petits morceaux de terre déjà cuite permettent de la modeler plus facilement. Les températures de cuisson minimales et maximales sont toujours indiquées sur les paquets de terre, si vous pensez cuire vos pièces chez un potier près de chez vous, gardez impérativement le paquet pour lui montrer ces informations et qu’il ou elle puisse vérifier que cela correspond à ses habitudes de cuisson.
Vous pouvez aussi utiliser des argiles naturelles que vous récoltez vous-même dans l’environnement mais il faudra alors la faire sécher, la concasser, la nettoyer et la tamiser puis tester différentes températures de cuisson pour voir ce que la terre en question supporte.
Concernant la peinture, on parle plutôt d’émail si cela doit passer en cuisson. Si vous souhaitez juste décorer une pièce qui ne contiendra pas d’eau ou de liquide et qui est strictement destinée à un usage décoratif, vous pouvez utiliser de la peinture acrylique même si ce n’est pas conventionnel ou des cires teintées. Pour un usage alimentaire, l’utilisation d’un émail conforme à cet usage s’impose mais cela nécessitera une cuisson. Bonne continuation dans votre découverte.
Vous pouvez aussi opter pour des engobes, c’est de l’argile à laquelle on ajoute des pigments ou colorants spéciaux. Les engobes s’appliquent sur terre crue, grâce à une première cuisson ils sont fixés sur la terre et dans un second temps on appliquera un émail transparent qui sera lui aussi cuit lors d’une seconde cuisson.