Je suis prof de céramique depuis 2019 et pourtant je m’étais promis de ne jamais devenir prof. Comment j’ai décidé de franchir le cap et d’enseigner la poterie.
Ma vie avant d’être prof de céramique
« Moi, prof jamais ! »
C’est ce que j’ai dit à ma soeur le jour de ma remise de diplôme. En 2007, je finis mes études de langues et littératures romanes. Evidemment, tout le monde me demande : “tu vas devenir prof de français ?”
Sérieux, j’ai à peine 24 ans, je vais pas aller m’enfermer dans une classe avec une vingtaine d’élèves qui ont pas envie d’être là. Avant-hier, j’étais étudiante et je sais très bien qu’on a majoritairement pas envie d’être là.
Je deviens libraire
Coup de bol, je deviens libraire, c’est un boulot où on bouge beaucoup. La plupart du temps entourée de livres immobiles et deux heures par jour en plein rush… J’adore ce rythme. Je suis jamais assise, presque tout le temps en train de ranger.
Et chaque client, c’est un peu comme un interro surprise ! Tu sais pas du tout ce qu’il va demander et ta mission c’est : trouver une idée… faire fonctionner la caboche, poser les bonnes questions… Puis le challenge, c’est trouver le bouquin au milieu des 3 étages, des dizaines d’étagères et des milliers de couverture.
Mon rêve secret, c’était devenir écrivaine. (ça l’est toujours un peu)
Soit, j’adore ce job, j’adore mes collègues, j’adore l’odeur des livres. En bref, meilleure vie !
Désillusion : la librairie va mal
Les années passent et malheureusement, le métier de libraire devient angoissant. Crise financière, arrivée du e-commerce, concurrence ! ya juste plus assez de clients pour faire vivre la librairie dans laquelle je travaille.
Je cherche une porte de sortie avant que le magasin ne ferme. J’ai la brillante idée d’aller travailler à … la banque !
Mon raisonnement : j’ai l’habitude de conseiller les gens, à la librairie j’ai un peu mal au dos parce que les livres c’est lourd. (oui parce que tu vois tous les livres sur les étagères et ben, c’est un de mes collègues ou moi qui les installent là, et qui les renvoient chez le fournisseur s’ils ne se vendent pas… et ils se vendent de moins en moins.
Et si tu te souviens, le challenge en librairie, c’est de trouver le bouquin, comme une aiguille dans un botte de foin. Donc, je poursuis mon raisonnement logique.. à la banque les produits, ils sont juste dans l’ordinateur, je devrai moins me casser le dos à courir partout pour les trouver.
Devenir banquière : Ma pire erreur ou mon plus beau coup de pouce du destin
Entre nous, je ne sais toujours pas vraiment si c’était une erreur d’aller à la banque. Je suis naturellement optimiste donc je dirais que c’est option “coup de pouce”. Mais attends, je te raconte.
Genre à la banque, je dépéris… rester assise, ça me tue ! Passer mon temps dans les chiffres moyennement marrant. (je te rappelle que je suis plus une littéraire à la base). Et surtout le stress !
Je tiens 4 ans et j’explose en vol. Burn out et tout le toutim.
Entre-temps, j’ai découvert la céramique. Et suite à une très très longue histoire que je te raconte pas ici (sinon, je vais vraiment devenir écrivaine et il me semble pas que t’es ici pour lire un roman).
Je disais donc, durant un long processus pour savoir ce que je vais faire de ma vie après ce burn out. Je me dis que céramiste… pourquoi pas.
pourquoi j’ai décidé de devenir prof de céramique
Moi prof jamais ! Deuxième.
Là aussi, quand je me lance, ma première pensée c’est “moi, prof jamais !”
Je ne rêve qu’une seule chose. M’enfermer dans mon atelier, créer des pots époustouflants et vendre des dizaines de céramiques très chers pour m’offrir une belle maison. Boostée à bloc, je me vois comme une artiste…
En vrai, c’est “bof ça”. Je suis assez lente pour créer, je faire de la céramique depuis peu de temps. Mon niveau d’énergie c’est pas ouf. (je viens quand même de passer 2 ans d’introspection donc je suis pas vraiment au taquet taquet physiquement. )
Et surtout, chaque fois que je pointe mon stand sur un marché, la question qu’on me pose le plus c’est… tadam, je te le donne en mille. “Et vous donnez des cours ?”
Je te dis même pas à quel point je suis frustrée. Je me voyais déjà en train d’être un grand nom de la céramique et j’arrive pas à vendre 10 pots.
Je craque !
Au bout d’un moment, je craque. Je me dis que, prof… pourquoi pas au fond.
Y’a plein de gens qui veulent apprendre. Je les comprends de ouf parce que le meilleur moment de la semaine pour moi c’est “aller au cours de céramique”.
Les hic :
- j’ai un atelier minuscule (je suis littéralement installée entre une machine à laver et une voiture qui ne roule plus, et oui, je bosse dans mon garage/buanderie)
- je ne suis pas très expérimentée, genre je pratique depuis 3 ans.
- j’avais dis, moi, prof, jamais !
Je résous ces différents problèmes en donnant cours uniquement à des personnes qui n’ont jamais fait de céramique. Je cherche des lieux qui ont un espace et qui ont besoin d’un prof.
Et ça marche ! Je commence par donner des cours de modelage une fois par mois dans une association. Puis de plus en plus… aujourd’hui, ça représente un mi-temps. J’ai un atelier assez grand pour accueillir plusieurs étudiants. Il est super bien équipé. J’ai des dizaines d’élèves réguliers et j’organise aussi des stages de perfectionnement.
Et je crois que je peux dire : “Moi, prof, toujours !”
Ceci dit, je suis dans une phase où j’essaye de réduire le temps que j’y consacre. Mais c’est une autre histoire.
Alors, je suis toujours pas une céramiste connue ! Mais je suis une prof reconnue, au moins par mes élèves. J’adore transmettre ma passion pour la poterie et surtout plein d’astuces pour gérer un atelier et s’améliorer au tour de potier.
Je ne sais pas encore quel équilibre je trouverai dans les prochaines années pour concilier ma créativité avec le plaisir d’aider les autres à déployer la leur.
Ce qui est sur, c’est que la céramique m’a permis de déployer mes ailes.
Toi prof ? Jamais !?!
Si tu veux savoir, j’e vais bientôt publier un article : “doit-on absolument devenir prof de céramique pour réussir ? “
Dans lequel je te partagerai les différentes façons dont tu peux décider de donner cours de céramique si toi aussi on te pose tout le temps la question. Je parcours les difficultés engendrées par ce choix et les avantages.
Parce qu’il faut pas se mentir, quand t’es prof, t’as vraiment beaucoup moins de temps pour créer mais t’as moins le stress de pas savoir ce que tu vas gagner. Je te laisse découvrir ça.
Mais avant !
Dis-moi en commentaire si mon histoire t’a inspiré.e ?
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